"Le Voyage aux Pyrénées" de Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Juillet 2008)
Ce film est fou, tellement fou que parfois il me semblait voir un film sous acide… Ou plutôt un film où les cinéastes auraient voulu représenter les visions de leurs personnages ! Un ours humanisé, des moines épicuriens… sur bande-annonce, tout ceci semble bien étrange. Mais bon, au départ de ce délire il y a tout de même un scénario. Alexandre et Aurore, couple de comédiens, décident, à l’initiative de ce premier, d’entreprendre un voyage dans les Pyrénées sous le pseudonyme de M. et Mme Go pour calmer les pulsions nymphomanes de cette seconde. Leur excursion prendra un tour pour le moins étrange, les exemples cités plus haut étant parmi les plus marquants…
A ce niveau, on est tout de même en droit de s’interroger sur l’état de santé des frères Larrieu, que leur est-il arrivé ? Depuis "Peindre ou faire l’amour" nous savions que la question du couple - si possible en proie à un étrange dérangement en son sein – était un de leurs thèmes de prédilection. Mais si ce précèdent opus était plutôt classique dans le traitement du scénario, "Le Voyage aux Pyrénées" semble témoigner d’un certain pétage de boulons chez les deux frangins ! Déjà, sur le papier, ce scénario est audacieux et, pour cela, on ne peut que les remercier. Mais ensuite, avec un matériau de ce bois là, il faut assurer dans la réalisation… et là, c’est une autre paire de manches… Le piège du rythme est évident et le film ne manque pas de se faire avoir. Les aventures de nos deux zozos –enfin quatre si l’on tient compte de l’ours et du tibétain… - sont dingues (euphémisme), mais le fait est qu’entre les envolées surréalistes qui laissent le spectateur bouche ouverte de rire ou de stupeur, le temps est long… Pourquoi les réalisateurs n’ont-ils pas été au bout de leur délire en poussant le pari du surréalisme et du loufoque extrême tout au long du film ? C’est ce qui manque ici et laisse ainsi un sentiment d’inachevé. Car moi, d’un cinéma inventif, frais, drôle, qui plus est de la part de français, j’en redemande ! La déception est donc présente… mais légère. Car ce qui sauve ce film c’est précisément son audace, sa nouveauté et la fraicheur insufflée par Sabine Azéma, Jean-Pierre Darroussin et les paysages pyrénéens. On ne peut donc que saluer ce coup de folie, même maladroit, des frères Larrieu. Ils réussissent même un final aussi surprenant qu’intelligent, qui nous livre un message : la forme traditionnelle du couple a changée et, que cela plaise ou non, la meilleure des choses est d’en profiter, de s’y épanouir pleinement.
Écrit le 9/08/08 au bar "La Marine", La Turballe