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À voir, à lire et même plus...

9 janvier 2009

Les signataires urbains

J'apprécie particulièrement les acteurs urbains communément appelés "taggueurs" ou "graffeurs", ces termes englobant en réalité une foultitude de personnes différentes qui, chacune de leur manière s'approprie l'espace public urbain pour y laisser leur marque. Celui-ci s'en trouve alors - au mieux - réflexif, égayé, et plus généralement ou simplement marqué, signé. Je voulais, par le biais de quelques photos commentées, montré la diversité de ces actions sur la seule ville d'Angers ainsi que quelques exemples extérieurs. Ces marques investissent notre imaginaire urbain et agissent que l'on le veuille ou non sur nos villes, il et donc toujours intéressant de s'y pencher de plus près pour tenter de déceler des mouvements, des - pour employer un gros mot -idéologies qui s'en dégagent. - Le Graff Premier exemple sur Angers : Le parking du "Chabada" Le parking de la salle de concert angevine permet aux artistes graffiti de se produire en "légal". Voici quelques exemples pris en photo le matin du 10 Mars 2007 IMG_0488 IMG_0473 "Dexter"... dédicace à un ancien élève de Chevollier ! IMG_0474 IMG_0475 IMG_0476 IMG_0477 IMG_0478 IMG_0479 IMG_0481 IMG_0482
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26 août 2008

Voyage en roue libre...

6229"Le Voyage aux Pyrénées" de Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Juillet 2008) Ce film est fou, tellement fou que parfois il me semblait voir un film sous acide… Ou plutôt un film où les cinéastes auraient voulu représenter les visions de leurs personnages ! Un ours humanisé, des moines épicuriens… sur bande-annonce, tout ceci semble bien étrange. Mais bon, au départ de ce délire il y a tout de même un scénario. Alexandre et Aurore, couple de comédiens, décident, à l’initiative de ce premier, d’entreprendre un voyage dans les Pyrénées sous le pseudonyme de M. et Mme Go pour calmer les pulsions nymphomanes de cette seconde. Leur excursion prendra un tour pour le moins étrange, les exemples cités plus haut étant parmi les plus marquants… A ce niveau, on est tout de même en droit de s’interroger sur l’état de santé des frères Larrieu, que leur est-il arrivé ? Depuis "Peindre ou faire l’amour" nous savions que la question du couple - si possible en proie à un étrange dérangement en son sein – était un de leurs thèmes de prédilection. Mais si ce précèdent opus était plutôt classique dans le traitement du scénario, "Le Voyage aux Pyrénées" semble témoigner d’un certain pétage de boulons chez les deux frangins ! Déjà, sur le papier, ce scénario est audacieux et, pour cela, on ne peut que les remercier. Mais ensuite, avec un matériau de ce bois là, il faut assurer dans la réalisation… et là, c’est une autre paire de manches… Le piège du rythme est évident et le film ne manque pas de se faire avoir. Les aventures de nos deux zozos –enfin quatre si l’on tient compte de l’ours et du tibétain… - sont dingues (euphémisme), mais le fait est qu’entre les envolées surréalistes qui laissent le spectateur bouche ouverte de rire ou de stupeur, le temps est long… Pourquoi les réalisateurs n’ont-ils pas été au bout de leur délire en poussant le pari du surréalisme et du loufoque extrême tout au long du film ? C’est ce qui manque ici et laisse ainsi un sentiment d’inachevé. Car moi, d’un cinéma inventif, frais, drôle, qui plus est de la part de français, j’en redemande ! La déception est donc présente… mais légère. Car ce qui sauve ce film c’est précisément son audace, sa nouveauté et la fraicheur insufflée par Sabine Azéma, Jean-Pierre Darroussin et les paysages pyrénéens. On ne peut donc que saluer ce coup de folie, même maladroit, des frères Larrieu. Ils réussissent même un final aussi surprenant qu’intelligent, qui nous livre un message : la forme traditionnelle du couple a changée et, que cela plaise ou non, la meilleure des choses est d’en profiter, de s’y épanouir pleinement. Écrit le 9/08/08 au bar "La Marine", La Turballe
25 juillet 2008

La « troisième patte » du « trépied » Beat Generation

5118QC0HPYLVous avez vaguement entendu parler de la "beat generation" ? Quand vous en avez parlé à vos profs de français-littérature ceux-ci ont froncé le sourcil -"euh de qui?quoi?"-? 

Eh bien vous êtes en présence d'une œuvre phare de ce mouvement, portant à la fois les évocations du voyage, du plaisir dans le moment présent, des "clochards célestes" à la "Sur la route" de Kerouac et les fulgurantes visions morbides - visions tout court même - du Burrougs du "Festin nu". Le tout porté par une rythmique incantatoire, hypnotique particulièrement frappante à la lecture "dans le texte" comme le propose cette édition. 

L'incipit annonce la couleur : "I saw the best minds of my generation destroyed by madness, starving hysterical naked," soit en français (d'après la traduction de cette édition) "J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,". 

Puis, le poète va s'appuyer sur la répétition du pronom "qui" ("who") pour rythmer, marteler ses longs vers libres 

"[...]qui se sont esseulés le long des rues de l'Idaho, cherchant des anges indiens visionnaires qui étaient des anges indiens visionnaires 
qui ont pensé qu'ils étaient seulement fous quand Baltimore luisait en extase surnaturelle," 

La ponctuation est inexistante au sein des vers et seules des virgules marquent le fin de ceux-ci. L'effet est surprenant et les mots ainsi accolés sont autant d'images qui font de chaque vers un flash mental

 "qui traversèrent le pays en voiture pendant soixante-douze heures pour savoir si j'avais une vision ou si tu avais une vision ou s'il avait une vision pour savoir l'éternité," 

On peut parfois penser à du gros n'importe quoi incohérent, les hallucinations d'un drogué et rien de plus. Mais ce serait ô combien réducteur de s'arrêter là car en butant sur des vers crus ("qui se laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent de joie,") ou déroutants ("qui toussèrent au sixième étage de Harlem couronnés de feu sous le ciel tuberculeux entourés par des caisses d'oranges de la théologie,") on passerait à côté de la magnifique peinture d'une époque que constitue ce poème. Si le chaos règne dans les mots, Ginsberg donne une cohérence interne à son poème. Ainsi, les thématiques chères au mouvement sont évoquées les unes après les autres sans "faire catalogue" mais plutôt comme un tour de train fantôme : nous commençons avec la drogue puis glissons vers le sexe, le voyage la politique, etc.

 On peut aisément se rendre compte de l'impact que put avoir ce livre à sa sortie en 1956 (!). Ces jeunes n'écoutaient pas encore de rock mais du be-bop et ils n'en étaient pas moins rebelles. La musique était en phase avec leurs écrits, et ce livre - comme les deux autres cités plus haut - ouvrit grand les yeux à toute une génération.

 Un grand moment de poésie américaine (Whitman est une influence revendiquée), de poésie tout court serais-je tenté de dire, doublé d'un important témoignage historique.
 Un texte qui surprend par son radicalisme verbal autant que par l'originalité de structure. Essayez aussi de le lire à voix haute, en anglais sur ce vers par exemple :
 
"yacketayakking screaming vomiting whispering facts and memories and anecdotes and eyeball kicks and shocks of hospitals and jails and wars," Howl de Allen Ginsberg (éditon bilingue) Christian Bourgeois Éditeur
25 juillet 2008

Dany vs Johan ; Kubrick vs Bergman

silence Kubrick avait-il vu Le Silence de Bergman ? Sortant d’une projection de ce film et cherchant des parallèles à établir, on est tout de même en droit de se poser cette question. Connaissant la boulimie cinéphilique de Kubrick tout porte à penser que oui, mais peu importe. Souvenons nous de Shining : un enfant s’écartant des tourments familiaux déambule dans les couloirs labyrinthiques d’un hôtel. Ce dernier est désert et la famille y est bloquée par l’hiver. Des visions cauchemardesques apparaissent à l’enfant. Reprenons Le Silence : un garçon du même âge, délaissé par sa mère et souhaitant prendre de la distance avec sa tante alcoolique et malade, erre seul dans les couloirs de l’hôtel d’un pays inconnu, dont ils ne parlent pas la langue et où ils sont tous trois coincés. Une troupe de nains déguisés, un majordome burlesque et morbide hantent les lieux, apportant des visions inquiétantes. Vous-y êtes ? La ressemblance est troublante provenant de deux films que presque quinze ans séparent. Si les thématiques semblent totalement différentes, un élément de scénario rapproche ces deux œuvres : la vision (certes partielle) du monde à travers un regard d’enfant. Celui-ci joue un rôle important car il apporte un regard innocent sur le monde des adultes et de leurs folies. Mais c’est surtout pour le message final que l’enfant est essentiel. Dans la séquence finale du Silence, Johan lit dans le train un petit mot de sa tante qui est en réalité un lexique lui permettant de comprendre la langue du pays où ils se trouvaient. En lui donnant accès aux mots, la tante lui permettra d’accéder à la littérature et donc à l’imaginaire. Dans Shining, Danny s’invente un double qui lui permet de s’arracher à la solitude et à la folie croissante de son père. L’enfant redouble d’imagination quand celle du père, stérile, le pousse à la démence. L’imaginaire semble donc plus fort que tout : la solitude, la famille… mais il faut être enfant pour pouvoir en user pleinement.danny
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